Le premier janvier j’ai débuté un post intitulé « de la lassitude ». Je n’ai même pas eu la force d’aller au delà du premier paragraphe.
Les derniers mois ont été compliqués et il m’a fallu du temps pour comprendre. Grosse fatigue, trois semaines de vacances pour la première fois de ma vie et un retour au travail avec la même impression de fatigue générale. Entretien annuel ou je dit noir sur blanc que je suis épuisé d’avoir l’impression de nager à contre courant. Les semaines s’enchaînent, je fait de l’abattage, la charge ne diminue pas et les petits problèmes à régler pour que je puisse effectuer mon travail s’accumulent et rythment la majeure partie des mes journées. Pour avancer d’un pas dans mes projets je dois en faire dix en interne, entre mails, réunions et messages instantanés si bien qu’à la fin de la journée je suis épuisé mais n’ai concrètement avancé sur rien. Et de semaines en semaines j’ai le sentiment de perdre mes capacités de réflexion, que ma vivacité d’esprit s’évapore.
Arrive décembre, un bon collègue change de boite, ma responsable est de son coté en plein effondrement façon crash de 29; et moi, je nage. Doucement je me désengage et le « à quoi bon » me gagne.
Fin décembre je consulte : « vous êtes en burn out et vous arrivez un peu tard ». Bien. « Pensez à changer d’entreprise ». Arrêt, vacances, penser à changer d’entreprise, se sentir soulagé.
Pas plus en forme, pas plus motivé, mais avec un seul but qui me fait tenir je reprends le boulot. Si l’idée de quitter l’entreprise me soulage, c’est que c’est la bonne chose à faire. Demande de rupture conventionnelle. « Ah mais tu sais, on n’accepte pas les ruptures conventionnelles quand on veut garder les gens. Si tu veux on peut regarder ensemble pour te mettre dans un autre secteur ». Non, j’ai beau avoir changé cinq fois de job en trois ans au sein de la même boite, c’est non. Tout ce que je veux c’est partir. Ils n’ont pas l’air de comprendre que c’est ça ou un arrêt maladie longue durée.
Dans un tel cas, pas d’autre choix que de sortir un levier façon pied de biche. J’ai deux avantages, le régime local qui me permet de partir en six semaines en cas de démission et avoir un poste quelques peu stratégique sans aucun remplaçant. Si je part, c’est le risque de voir douze sites industriels se planter. En mettant à plat ces deux aspects et le fait que j’ai les moyens de démissionner, bien qu’en expliquant en toute transparence que ça ne m’arrange pas pour des raisons évidentes, je me retrouve avec un RH qui se tient la tête jusqu’à la fin de la réunion et une réponse positive soixante douze heures plus tard à la condition de rester jusqu’en mai.
Alors voilà. Dans quelques semaines je quitte la boite ou j’ai passé quasiment six ans de ma vie, ou j’ai concrètement appris tout mon métier sur le tas. Et je n’ai pas la moindre idée de ce que je vais faire derrière.
Me reposer ? Oui, sans aucun doute, mais après ? J’ai déjà passé des entretiens. Deux fois, tous les rounds. Pour un GAFAM je manque d’expérience. C’est pas faux. Pour un autre ils craignent que je ne m’ennuie au bout de six mois. Bon, j’arrête là pour l’instant. J’ai beau comprendre le premier refus, le second fut un choc pour la simple raison que je n’ai pas compris.
Et après le repos donc ? Je reprends les entretiens ? Je tente un truc ? Mais quoi ?
J’en suis là, à parfois à passer des heures à établir un semblant de business plan. A chiffrer, essayer de manière très superficielle de voir la gueule du marché, et plus important, voir si ça me plairait au delà de la simple idée. L’édition, les drones, la bière, l’œnologie et demain autre chose. Bref, c’est en réflexion.
